LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 04.07.11 | 15h38 • Mis à jour le 04.07.11 | 20h51
Les rebondissements n'en finissent plus autour de Dominique Strauss-Kahn. Quelques heures à peine après que l'avocat de Tristane Banon a fait savoir que celle-ci allait porter plainte pour tentative de viol, les avocats français de l'ancien directeur du FMI ont contre-attaqué lundi 4 juillet en annonçant le dépôt d'une plainte pour dénonciation calomnieuse.
M. Strauss-Kahn "a pris connaissance de l'intention de Mme Tristane Banon de déposer plainte à son encontre". Or les faits qu'elle évoque sont "imaginaires", affirme le communiqué des avocats de DSK. Par conséquent, Me Henri Leclerc et son associée, Me Frédérique Baulieu, "ont été chargés de rédiger une plainte en dénonciation calomnieuse contre Mme Banon".
"INCITÉE" À PORTER PLAINTE
La journaliste et écrivaine, qui avait déclaré en juin ne pas vouloir s'associer à la procédure américaine à l'encontre de DSK et se dit victime d'une agression à caractère sexuel de la part de DSK, a finalement décidé de déposer plainte mardi,a indiqué lundi son avocat, David Koubbi dans un entretien publié sur le site Internet de L'Express.
La nouvelle a été accueillie avec scepticisme à gauche. Le député socialiste Jean-Christophe Cambadélis, proche de DSK, a estimé, lundi sur Europe 1, que Tristane Banon avait sans doute été "fortement incitée" à porter plainte, soulignant qu'il lui avait fallu "huit ans de réflexion" pour se décider. "Je suppose que ce n'est pas en se regardant dans la glace le matin, qu'elle s'est dit : 'Mais tiens, au fait, aujourd'hui il faut que je porte plainte'", a ajouté le député de Paris. Selon lui, "il y a eu une petite discussion, ne serait-ce qu'avec son avocat et un certain nombre de gens qui sont dans son entourage".
En 2002, la mère de Tristan Banon, une élue socialiste, l'avait dissuadée de porter plainte. Depuis, Tristane Banon envisageait une action en justice.
UNE DÉCISION PRISE DÈS LA MI-JUIN
"Avec ma cliente, nous avions pris notre décision avant ce rebondissement du 1erjuillet, à savoir dès la mi-juin", a précisé David Koubbi en allusion aux doutes apparus quant à la véracité des accusations de viol contre DSK portées par une femme de chambre de l'hôtel Sofitel de Manhattan. L'Express a effectivement précisé lundi que cet entretien s'était fait en deux fois : la première rencontre avec la jeune femme s'est tenue le 29 juin, c'est-à-dire avant l'annonce du possible effondrement des accusations aux Etats-Unis.
La justice américaine a libéré vendredi sans caution Dominique Strauss-Kahn et lui a rendu l'argent versé en garantie en raison de doutes sur la crédibilité de la femme de chambre qui l'accuse de tentative de viol. Mais pour l'heure, aucune des accusations retenues contre l'ancien favori des sondages pour la présidentielle de 2012 n'est abandonnée, a précisé le procureur général de New York. De l'autre côté de l'Atlantique, l'avocat de la femme de chambre du Sofitel a déclaré soutenir Tristane Banon.
"À LA SOLDE DE PERSONNE"
Après avoir annoncé le 16 mai que sa cliente envisageait de porter plainte contre Dominique Strauss-Kahn, Me Koubbi avait indiqué quatre jours plus tard que la décision sur ce point était "réservée à plus tard", renonçant de facto à le poursuivre. "Nous ne témoignerons pas dans le cadre du procès américain", avait-il ajouté. "En aucun cas, ni Tristane Banon ni moi-même ne souhaitons être instrumentalisés par la justice américaine ou prêter quelque concours que ce soit afin que ces deux dossiers soient liés d'une manière ou d'une autre", avait alors déclaré Me Koubbi.
Des propos qu'il a confirmés lundi : "Je n'ai été contacté par personne à droite, je ne suis à la solde de personne. (...) Je n'ai pas agi en fonction du contexte", assure Me Koubbi. Pour porter plainte aujourd'hui pour des faits remontant à février 2003, selon Me Koubbi, il incombe néanmoins à Tristane Banon de prouver qu'elle a été effectivement victime d'une tentative de viol, un crime prescrit au bout de dix ans et passible de quinze ans de réclusion.
Aucune poursuite ne peut plus désormais être engagée pour un autre type d'agression sexuelle, constituant un délit passible de cinq ans de prison, mais prescrit au bout de trois ans.
NE PAS ÊTRE "LA FILLE QUI A EU UN PROBLÈME AVEC UN HOMME POLITIQUE"
Tristane Banon avait raconté en février 2007 à la télévision avoir été agressée sexuellement cinq ans plus tôt par M. Strauss-Kahn, dont le nom avait toutefois été masqué lors de la diffusion de l'émission. Elle avait expliqué avoir dû se débattre pour se défaire d'un homme qui lui "a dégrafé (son) soutien-gorge, a essayé d'ouvrir (son) jean". A l'époque, Tristane Banon avait décidé de ne pas déposer plainte pour ne "pas être, jusqu'à la fin de (ses) jours, la fille qui a eu un problème avec un homme politique".
Dans un entretien mis en ligne lundi sur le site Internet de L'Express, Tristane Banon explique ne plus supporter "d'entendre dire qu'(elle) est une menteuse du fait qu'(elle) ne porte pas plainte". "Aujourd'hui, de voir Strauss-Kahn libéré puis aussitôt dîner dans un restaurant de luxe entre amis, ça me rend malade", ajoute-t-elle.
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