Mots clés : Presse, Sites D'information, Alexander Pugachev, France-Soir
Par Alexandre Debouté, Philippe LarroqueMis à jour | publié Réactions (19)

Pour Alexander Pugachev, «la position de France-Soir n'est plus tenable». Crédits photo : Sébastien SORIANO/Le Figaro
INTERVIEW - Après avoir investi 70 millions d'euros dans la relance du titre, racheté en 2009, son propriétaire abandonne la version papier et opte pour une version uniquement numérique. Les deux tiers des effectifs sont supprimés.

LE FIGARO.- Vous avez annoncé 76 suppressions nettes de postes et l'arrêt de l'édition papier. Est-ce un prélude à l'arrêt du titre ?
Alexander PUGACHEV . - La position de France-Soir n'est plus tenable. Depuis que j'ai repris ce journal, il y a deux ans, nous avons tenté à deux reprises de le relancer. Cela n'a pas marché. J'ai investi au total, en compte courant, plus de 70 millions d'euros. Aujourd'hui, le monde de la presse est difficile économiquement. Tous les grands quotidiens perdent de l'argent. Le coût du papier, de l'impression à la distribution, rend l'équilibre impossible. France-Soir devrait perdre encore 19 millions d'euros cette année, après 31 millions l'an dernier. Ce plan, qui consiste à basculer toute l'activité sur le Web, est nécessaire à la survie du titre.
Quel bilan tirez-vous ?
En 2009, quand je l'ai acheté, le journal allait mal. Les ventes étaient en chute libre, la diffusion France payée du titre se situait à près de 20 000 exemplaires. Nous avons réussi à la faire grimper jusqu'à 75 000 exemplaires l'an dernier. Elle est aujourd'hui stabilisée à 40 000 exemplaires, dont 35 000 ventes au numéro. Or notre objectif était d'atteindre 100.000 exemplaires, d'abord pour intéresser le marché publicitaire, puis 200.000 exemplaires pour atteindre l'équilibre. C'est irréalisable.
Quel est votre projet ?
Le basculement total du journal sur le Web est une première en France pour un quotidien national. Après le plan, l'équipe comprendra une quarantaine de personnes qui travailleront à 100 % en ligne. Cette équipe sera une force de frappe qui nous permettra d'être réactifs. Le site de France-Soir s'est déjà bien installé dans le décor. Son audience est passée de 700 000 internautes en 2009, à 3,6 millions en juin, selon Google Analytics (1,6 million selon Médiamétrie NetRatings, NDLR). C'est encourageant.
Combien de temps vous donnez-vous ?
Notre ambition est de rentrer dans le top 10 des sites d'actualité dans les deux ans qui viennent. 10 millions d'euros seront investis pour produire des contenus originaux de qualité sur tous les nouveaux supports avec comme objectif le retour à l'équilibre d'ici à quatre ans. Le nouveau site devrait démarrer en janvier prochain.











