Monday, July 4, 2011

04/07 "Je ne souhaite plus que DSK se présente"

LEMONDE.FR | 04.07.11 | 18h15  •  Mis à jour le 04.07.11 | 18h43
Dominique Strauss-Kahn à Genève, le 8 décembre 2010.
Dominique Strauss-Kahn à Genève, le 8 décembre 2010.AFP/FABRICE COFFRINI
Le Monde.fr a demandé à des militants socialistes de réagir aux nouvelles évolutions de l'affaire DSK. Beaucoup avaient témoigné, après le "coup de tonnerre" du 14 mai, en faisant part de leur déception et de leurs doutes. Après la libération de Dominique Strauss-Kahn, certains se disent soulagés, d'autres continuent de douter de l'ancien directeur du FMI.
  • "L'image de DSK est plus qu'écornée", par Charles L.
Je ne pense pas que DSK puisse revenir. Au moment où les doutes les plus sombres planaient sur lui, nous avons vu les langues se délier et trop de choses sont sorties qui ne s'effaceront pas même avec la preuve de son innocence. Ne serait-ce que le montant des sommes sorties pour sa défense et son logement, qui le discrédite entièrement car cela le range dans le même cercle que celui du président actuel. Il ne peut plus se revendiquer comme un opposant réel à Sarkozy car il fait partie des mêmes cercles. Ce qui était tu dans les médias est sorti le temps d'une parenthèse de quelques mois, et sera impossible à effacer. L'image est plus qu'écornée...
  • "La décision de se présenter lui appartient", par Alexandra V.
Je suis militante socialiste, j'ai ma carte au Mouvement des jeunes socialistes. J'ai vécu la "chute" de DSK comme un vrai "coup de tonnerre". Voir DSK dans cette situation alors qu'il était le favori pour les primaires socialistes... De plus, j'ai été choquée par l'humiliation publique qu'il a subie.
Le retour de DSK ne peut être qu'une joie, en ce qui concerne le recul de la date finale du dépôt des candidatures, je pense qu'il ne faut pas effectuer de modification sauf si DSK le demande lui-même.  Car au-delà du grand soulagement de son retour en France, seul lui-même décidera de se présenter ou non aux primaires.
Il a subi un choc psychologique fort (humiliation publique à sa sortie du commissariat, à son entrée au tribunal sous les sifflets...) et la presse qui l'a aussi jeté comme un animal dans la fosse aux lions. Si DSK souhaite se présenter à la primaire, je le soutiendrai à 100 % comme j'ai pu le faire avant cette "affaire".
  • "L'image et l'éthique en ont pris un coup", par Bernard L
Je suis militant et adjoint au maire d'une municipalité socialiste. Ma priorité absolue est de battre la droite, Monsieur Sarkozy et son système. Tous les militants de ma section sont déterminés sur ce point et perçoivent les primaires comme une occasion historique pour le parti. Si chacun a normalement son candidat de prédilection pour les primaires, qu'on ne se fasse aucune illusion. TOUS seront regroupés derrière le candidat du parti désigné à l'issue de ce vote préalable.
Le 14 mai a été un choc, surtout dans la mesure où beaucoup dans la section pensaient que DSK était LE meilleur candidat. Choc, incompréhension et accablement pour les mésaventures de quelqu'un qui est perçu comme quelqu'un d'intéressant. Satisfaction aussi dans un deuxième temps de voir que le parti s'est comporté normalement et dignement. Le sentiment actuel est que si DSK veut encore concourir, il en a la possibilité et c'est bien comme ça.
Mais son image parmi les militants s'est écornée. Beaucoup comme moi découvrent ses "faiblesses pour les femmes" et son énorme fortune... Il y a là quelque chose au niveau de l'image et de l'éthique qui en a pris un coup et qui porte certains militants (beaucoup ?) à penser que DSK était peut-être un "faux bon candidat" et qu'il n'est sans doute plus le meilleur candidat du PS et de la gauche. Je continue quant à moi de penser qu'il n'y a pas de politique sans éthique et sans exemplarité. DSK n'est plus pour moi un "bon" candidat .
  • "Je souhaite qu'il puisse participer à la primaire" par Jean-Marc B.
Militant socialiste depuis plus de vingt ans, étiqueté à la gauche du parti, je n'étais pas en phase avec le courant de DSK. Mais combattre des idées est une chose, abattre un homme, fût-ce symboliquement en est une autre. Dès le départ, j'ai eu plus que des doutes raisonnables sur les éléments de cette affaire.
Nous avions là une image d'Epinal : une femme noire, pauvre, vivant seule avec un enfant contre un juif, puissant, riche et vil. Dans les médias, tous les éléments de raison ont lâché ; il y avait là presque une mort médiatique, sur la place publique comme Dreyfus. Je souhaite que de ses cendres, il se reconstruise, qu'il puisse s'il le veut participer SANS CONTRAINTE à la primaire et sinon, participer activement à la campagne. Ce qui a été fait à cet homme n'a pas de nom, médias et institutions ont des questions à se poser. Ces sentiments sont assez largement partagés dans ma section.
  • "Je ne souhaite plus qu'il se présente", par Jean M.
Je suis un strauss-kahnien de la première heure. J'ai voté pour lui aux primaires de 2006. Je me préparais à en faire autant cette fois-ci, estimant que DSK était notre meilleure chance.
Depuis "l'affaire", et bien que je continue à tenir l'homme pour un des politiques les plus intelligents et compétents actuellement, je ne souhaite plus qu'il se présente. Sa "fragilité personnelle" dans ses rapports avec les femmes en fait une bombe à retardement, et je ne veux pas de deux présidents de suite avec des comportements pathologiques, bien que de nature différente. Je voterai doncMartine Aubry : je lui fais confiance pour une alternance digne qui réconciliera la France avec son avenir.
  • "DSK sera indispensable... auprès d'Aubry" par Gilbert C.
J'ai toujours cru Dominique innocent des faits que la justice américaine lui reproche et j'espère qu'il sera définitivement blanchi et que son honneur sera retrouvé. Cependant je ne crois pas qu'il puisse se présenter à la primaire et encore moins à l'élection à la présidence de la République. Son image, même s'il est innocenté, a été trop ternie et le fait même qu'il ait eu des rapports sexuels consentants ne change rien pour de nombreuses électrices.
Par contre sa présence reste indispensable, surtout auprès de Martine Aubry, si notre parti et plus largement la gauche, veut avoir une chance de battre Sarkozy.
  • "Je ne voterai plus jamais pour lui", par Leila B.
DSK ne doit pas se présenter, ni aux primaires, ni à la présidentielle. En tant que militante de base, je ne voterai plus jamais pour lui ni ne participerai à la campagne s'il venait à être sélectionné. Quelle que soit l'issue du procès, son comportement vis-à-vis des femmes est intolérable. Et il faut savoir qu'en dehors des grandes villes, les militants sont surtout des hommes et plutôt âgés (à 45 ans, je suis l'une des plus jeunes de la section !)...  et ont surtout vécu le choc du 14 mai comme une manigance politique. Cependant, la France a beau être vieillissante, elle n'a plus la complaisance tacite affichée par les plus âgés. En termes politiques, ce serait une erreur de croire qu'il pourrait gagner ; en termes éthiques, ce serait scandaleux.
  • "Ma voix lui sera acquise en octobre s'il décide d'y aller", par Christophe R.
En tant que militant, j'ai toujours refusé la culpabilité de DSK, les agissements qu'on lui prêtait étant aux antipodes de son naturel plutôt charmeur (à l'excès diront certain-e-s).
L'annonce de ce nouveau rebondissement me redonne envie de m'engager pleinement dans les débats à venir, plusieurs orientations pouvant maintenant être discutées (entre le très consensuel François Hollande, la convaincante Martine Aubry et l'expert Dominique Strauss-Kahn).  En attendant sa décision, je réserve la mienne, car ma voix lui sera acquise en octobre s'il décide d'y aller.
Avoir été victime d'un coup monté, qu'il fût dirigé politiquement ou purement crapuleux, ne saurait conduire à l'éviction du candidat le plus à même de redresser et la France et la gauche.
  • "Il s'est passé quelque chose dans la suite 2806 et ça me gêne", par Jean-Yves C.
Militant socialiste, j'étais partagé entre le vote utile pour DSK, une connivence intellectuelle avec Hollande et une secrète tendresse pour Ségolène. Patatras ce 14 mai : après un moment d'incrédulité, ces exhibitions menottes dans le dos m'ont rendu malade, mais il faut avancer. Donc vers Hollande toute. Aubry, il n'en a jamais été question : plus la pression de l'appareil est à son service, moins cela me tente.
Les cartes sont maintenant redistribuées et les soutiens d'Aubry étaient les moins chauds pour que DSK revienne. D'ailleurs, le peut-il ? Le calendrier peut s'aménager mais il s'est passé quelque chose dans la suite 2806 et ça me gêne. Pas par pudibonderie. Mais même si c'est un piège, une machination ou que sais-je encore, ce qui est grave est qu'il y soit tombé.
Mon attitude : on ne change rien. Et en demandant à l'appareil de rester neutre : c'est pas gagné mais on peut rêver. On sent bien le désir de récupérer l'ex-"pervers" en l'utilisant à d'autres fins et en inversant "le pacte". C'est une mauvaise manière et sans doute une faute.
  • "S'il est tombé dans un piège, ce n'est pas plus excusable !", par Georges D.
Je suis militant socialiste depuis 1975. Avant l'affaire, pour la primaire, j'étais décidé à ne pas voter pour DSK : malgré sa brillante intelligence, son style de vie me paraissait bien trop éloigné des conditions de vie des français. Il n'y a pas que le QI qui compte, il y a surtout l'intelligence du cœur, les valeurs humaines. Aujourd'hui, le revirement dans cette affaire ne change pas mon opinion, cela a même tendance à l'aggraver : si il est tombé dans un piège (auquel il semblait s'attendre à un moment ou à un autre) ce n'est pas plus excusable !
Utiliser l'argument d'une relation avec une prostituée comme moyen de communication pour tenter de se dépêtrer du piège où il est tombé "à l'insu de son plein gré" n'est pas plus "glorieux". Sans vouloir être puritain, il y a quand même une éthique à avoir quand on prétend aspirer à de hautes fonctions. Mais il est vrai, que depuis quelques années surtout, l'éthique ne semble plus vouloir dire grand-chose, y compris par le président en exercice (sur les registres de l'argent-roi en particulier). Aujourd'hui, pour un militant, il faut vraiment avoir un très fort idéal, au-delà des errements de certains, pour espérer un monde meilleur.
  • "DSK doit d'abord mettre fin à ses ennuis judiciaires", par Clémentine H.
Je suis militante socialiste depuis mes 18 ans mais je n'ai jamais adhéré au parti. Je suis pourtant présente à la plupart des meetings et j'essaye de faire connaître le projet du PS le plus possible (puisqu'on a l'habitude d'entendre que "le PS n'a pas de projet").
Je n'ai jamais été pour DSK car après avoir lu et relu son parcours (puisque à l'époque j'étais encore trop jeune pour vraiment le connaître et comprendre ses positions), j'ai bien compris que la droite de la gauche ne me satisfaisait pas du tout. (...)  L'affaire ne change rien à ce que je pense. Je ne le diabolise pas non plus. Je n'ai aucune idée de ce qu'il a fait dans cette chambre d'hôtel. Il est présumé innocent, c'est tout. Il faut attendre le verdict de la justice américaine pour porter un jugement intelligent.
Je ne souhaite pas que DSK revienne dans les primaires du PS car j'ai peur de l'impact qu'il pourrait avoir sur celles-ci. Je sais qu'il est très apprécié des sympathisants de droite et ça m'effraie. Il doit d'abord mettre fin à ses ennuis judiciaires.
  • "Surtout, ne pas modifier le calendrier de la primaire !" par Benoît C.
Le retournement de l'affaire DSK ne constitue pas une surprise ; si ce n'est, peut-être, que beaucoup d'entre nous ne s'attendaient pas à un retournement si rapide.
Ici à Lille, et sans doute partout ailleurs, si vous pensez que notre travail est calqué sur l'actualité judiciaire d'une personne, vous n'avez rien, mais alors rien compris à la politique telle que nous la faisons. Nous nous réunissons pour débattre du projet, pour organiser les primaires. Bien entendu nous parlons de l'affaire DSK, mais ce n'est pas elle qui dicte notre calendrier (et heureusement !).
Par contre je suis personnellement exaspéré de voir et d'entendre des personnalités oser dire qu'il faut modifier le calendrier des primaires pour DSK. Quel mépris pour le travail des militants ! Vous noterez que pendant que tout le monde parle de DSK, c'est autant de temps perdu pour l'explication du projet socialiste. Cette affaire pollue et parasite, par l'ampleur médiatique exagérée qui lui est donnée, le travail de fond des socialistes. Nous n'avons pas à modifier notre attitude aux primaires tout simplement parce que DSK n'a jamais été candidat à ces primaires. Et il a sans doute d'autres chats à fouetter. Il serait temps de lui foutre la paix et de s'intéresser au travail des militants ici, en France, pour les Français !
  • "Tout de même, quel gâchis !", par Yveline L.
Martine était ma candidate depuis le départ. Mais François, Martine ou DSK peu importe. Ce qui compte, c'est le programme. Il ne doit pas y avoir un culte de la personnalité. Contrairement à ce que les médias disent, il n'y a pas de bataille intestine ou tout au moins cela sera aplani le jour où notre candidat sera choisi. Quant à l'affaire en question, je n'y ai jamais cru, personne autour de moi (même les gens de droite) n'y ont réellement cru.
Mais évidemment c'est terrible. Car comment revenir en arrière quand tous les médias du monde l'ont traîné dans la boue ? Je pense qu'il n'a pas ou plus envie de se porter candidat et en outre cela va peut-être être long avant un non-lieu. Je pense que la page pour lui est tournée, mais il pourrait être ministre voire premier ministre dans un futur gouvernement. Tout de même quel gâchis ! On détruit un homme en quelques secondes.
Le Monde.fr

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